Les navires école

Les navires école

Les caractéristiques techniques des navires données sur cette page proviennent du site Mérite Maritime 29, nous les remercions pour leurs précieuses recherches.

Astrolabe

Construit en 1960 aux Ateliers et Chantiers de la Manche à Dieppe pour l’Ecole Nationale de la Marine Marchande du Havre.

Astrolabe en septembre 1960

Caractéristiques :
– Longueur HT : 48,97 m
– Largeur : 8,94 m
– Tirant d’Eau : 3,10 m
– Jauge Brute : 603 tonneaux
– Puissance : 600 CV
– Vitesse : 11,0 nœuds
– Equipage : 8
– Elèves : 24
– Lancement le 10 juin 1960
– Marraine : Mademoiselle Danièle BEAUDOUX
– Mise en service : novembre 1960

La machine : Moteur Duvant de 600 CV, un réducteur inverseur Messian. Les auxiliaires comprennent deux groupes électrogènes de 30 Kw, et un groupe de 10 Kw. Huit groupes électro-pompes divers, une chaudière de chauffage central, un équipement frigorifique pour la chambre à vivre et deux ventilateurs Berry pour le compartiment machine et les locaux sous le pont principal. Le navire est divisé en sept compartiments par des cloisons étanches.

Les emménagements sont prévus pour 48 personnes. Ils sont répartis comme suit : de l’avant à l’arrière, sur le pont principal, un poste pour six gardes-pêche ; un poste pour quatre matelots, deux postes pour 12 élèves chacun, un carré réfectoire pour les élèves, une cuisine avec office, un poste pour trois matelots à l’arrière et un carré réfectoire pour l’équipage. Six wc , six douches et huit lavabos. Sur le pont supérieur, à l’avant du château, se trouvent le mess des professeurs, 4 wc, deux douches et lavabos. A l’arrière du compartiment de la timonerie, se trouvent le salon et la cabine du commandant et six cabines pour des professeurs.

La drome comprend deux embarcations de 7 m 30 pour 30 personnes chacune, sous bossoirs; deux canots pneumatiques pour 25 personnes chacun; un radeau ordinaire, et 60 gilets de sauvetage.

Les auxiliaires de coque comprennent un guindeau électrique pour deux ancres de 750 kg, un cabestan électrique d’une force de 1200 kg, un treuil de levage électrique de 1750 kg.

La passerelle a été dotée de tous les instruments de navigation qui permettront aux élèves de se familiariser avec la technique moderne.

La timonerie comprend un appareil à gouverner hydroélectrique, type hydropilote Boursier, un gyro-compas et un gyro-pilote Sperry , avec deux répartiteurs aux ailerons de passerelle, et un répartiteur au-dessus de la passerelle. Un compas de relèvement sur fût, au-dessus de la passerelle, avec lecture par dessous. Un radar Decca T.M 707 à mouvement vrai, avec indicateur panoramique de 30 cm, asservi au gyro-compas (sept échelles de lecture, variant de 3/4 de mille à 48 milles) un navigateur Decca , type NKF 2 à quatre compteurs de lecture. Un radio-goniomètre à cadre fixe, type Radio Maritime GFB 6, à gisement vrai, avec dispositif d’asservissement au gyro-compas; un émetteur-récepteur de radio-téléphonie, d’une puissance de 80/90 watts, avec transmetteur automatique d’alarme. Un sondeur Sac 425 b à magnéto-striction, avec projecteur S38, un sondeur mécanique B.B.T, avec treuil, ligne de 500 m et plomb de sonde. Un loch électrique S.A.L 24/0/16 avec répétiteur combiné vitesse et parcours.

(Extrait d’un document édité lors de la mise en service)

L’astrolabe a été transféré au Gouvernement Général de la Polynésie, il a tout de même eu son heure de gloire lorsque, renommé « Le Dauphin » pour l’occasion, il fut utilisé comme décor dans le film « Le prince du Pacifique ». Puis, non utilisé, ses moteurs ont été déposés, le navire se dégradait à Raiatea. Plusieurs projets ont été envisagés, dont celui de le transformer en restaurant, aucun n’a abouti. Nous avons eu confirmation en 2020 que l’Astrolabe avait été coulé dans le lagon pour le transformer en récif artificiel. Malgré nos recherches, nous n’avons pas encore pu connaître la position de l’épave.

Le Dauphin à Raiatea - 19 mai 2003

Alidade

Construit en 1964 aux ateliers et Chantiers de la Manche à Dieppe pour l’Ecole Nationale de la Marine Marchande du Havre.

Alidade en septembre 1964

Caractéristiques

– Longueur hors tout : 49,10 m
– Largeur hors membrures : 8,94 m
– Creux : 4,15 m
– Jauge brute : 640,28 Tx
– Jauge nette : 148,22 Tx
– Tirant d’eau moyen : 2,315 m
– Vitesse : 13,5 noeuds à puissance max 800 Ch
– Hélice à pas ajustable, rotation à droite
– 3 pales en laiton LIMA, diamètre. 2,3 m
– 2 ancres de bossoir – 1 ancre de rechange 750 Kgs
– 1 ancre à jas
– Mise à l’eau le 11 juin 1964
– Armé au Havre le 18 septembre 1964
– Mise en service novembre 1964
– Désarmé au Havre le 30 avril 1984

Machine
– 1 moteur principal Diesel DLD DUVANT – Type 6 V JS
– Puissance 800 Ch à 800 Tr/mn
– 6 cylindres en ligne – 4 temps
– Le moteur est réfrigéré à l’eau douce dans un échangeur dont la circulation est assurée par de l’eau de mer.
– Commande du moteur et de la variation de pas de l’hélice: locale ou à distance, de la passerelle ou du poste central machines
– Groupes électrogènes : 2 principaux, 1 de secours. Moteurs Baudoin

Capacités
– Soutes à mazout 1 bâbord et 1 tribord : 27,4 m3 chacune
– Caisses à mazout 1 bâbord et 1 tribord : 13 m3 chacune
– Soutes à eau douce 1 bâbord et 1 tribord : 7,4 m3 chacune
– Cale à eau douce arrière : 35,3 m3
– Caisses à huile moteur 1 bâbord et 1 tribord: 3,5 m3 chacune
– Cale à eau de mer avant : 14,1 m3
– Caisse à eau usée avant : 14,1 m3

D’après Equasis, l’Alidade a été transformé en navire de recherches scientifiques en 1986 et devient le panaméen NEPTUNE’S LAB (American Geo Ressources S.A.). Il a pris successivement les noms de LAFAYETTE II, BALENCIAGA’S TREASURE, ARIANE 3, enfin OCEANA en 1994. Il a été ferraillé en 2011.

Le voyage à Londres (1967)

Du 28 février au 4 mars 1967, l’Alidade et l’Astrobale ont effectué un voyage exceptionnel à Londres. Le pont de la Tour de Londres s’était ouvert pour laisser passer les navires-écoles. C’est un honneur bien rarement accordé à des navires étrangers. Avant l’Alidade et de l’Astrolable, le navire hollandais Snellius avait été le dernier à se voir accorder ce privilège, le 19 mars 1964. Mais il n’a pu être trouvé trace, dans les archives du « Port of London Authority » de passage d’un bâtiment français sous la tour de Londres dans les dernières décennies. L’élève officier au long cours VANDENBERGHE témoignage de ce voyage dans la revue « Marine d’aujourd’hui » n°4 de mai 1967 :

L’esprit libéré par la fin des compositions trimestrielles, les Elèves officiers au long cours et les Elèves officiers mécaniciens ont bouclé leurs bagages le lundi 27 février au soir en vue d’embarquer le lendemain matin sur « L’Alidade » et « L’Astrolabe », navires-école de l’école d’hydrographie du Havre en compagnie de M. HERVIEU, directeur et de M. FORTIN, sous-directeur, qui ont bien voulu les accompagner.

Port de destination : Londres, atteint après une dure traversée, éprouvante pour les élèves promus tour à tour chefs de quart pour l’occasion.

Nous avons découvert un port aux aspects inhabituels, des entrepôts aux consonances exotiques, le tout sur une toile de fond d’industries lourdes dégageant des fumées grasses. Dieu merci, à mesure que nous remontions la rivière, le soleil perçait à travers la couche de nuages et les usines faisaient place aux monuments historiques dispersés entre les immeubles d’habitation (…)

 

Dessin paru dans Marine d'aujourd'hui n°4 de mai 1967

A peine la manœuvre d’accostage était-elle terminée que les élèves passaient la coupée, remarquablement à l’aise dans leur uniforme… La liberté de manœuvre qui lui a été accordée a permis à chacun de découvrir Londres à sa façon et de représenter dignement le continent à Buckingham Palace, Westminster Abbey et aussi Piccadilly Circus.Le jeudi 2 mars, visite du port de Londres en compagnie de Mrs Cartor, hôtesse de la ville, à la voix très agréable pour des oreilles françaises… Le vendredi matin Greenwich et son méridien nous accueillaient sous un vent violent. Enfin, l’après-midi, le musée de la Marine, dernière visite organisée.

Le soir de ce même jour, les amarres sont larguées sous les tours de Tower Bridge, poste d’amarrage au site remarquable, très bien situé en pleine ville. Les élèves de quart à ce moment-là ont eu l’avantage de profiter du très joli spectacle offert par la descente de la Tamise, éclairée par tous les feux de la grande cité.

Le retour s’est bien déroulé et chacun a retrouvé ses habitudes, très heureusement coupées par ce petit intermède.

Une expérience à renouveler…

Témoignage de Jean-Yves BONIS, CLC, dernier commandant de l'Alidade

Un immense merci au commandant Jean-Yves BONIS, qui a eu la gentillesse de nous faire parvenir son témoignage et l’article du Marin ci-dessous

L’Alidade a été réarmé pour une dernière fois le 17 janvier 1984. Cependant avant sa mise en service , nous sommes passés en cale sèche pour les visites de sécurité réglementaires et carénage. Au cours de cet arrêt technique, une pièce de la tôle-quille a du être remplacée (corrosion). De ce fait, le moteur principal a dû être réaligné… Après la « visite annuelle » le navire fut déclaré apte à la navigation.

La gestion du navire était assurée au départ par la Cie Gle Transatlantique, puis en suite, par la Cie Gle Maritime (CGM). L’équipage était ainsi composé, pour la dernière année d’exploitation de l’Alidade :

– Commandant : J.Y. BONIS (CLC)
– Chef Mécanicien : L. METAYER (OM1)
– 2 instructeurs : P. BELLAMY et Th. VARENNE (D.E.S.M.M) (1 pont, 1machine) 
– 1 électricien : J. PAUMELLE
– Maître d’équipage : E. CHEVALIER
– 3 matelots dont 1 « postal »

Les élèves participaient aux manœuvres. Ils étaient répartis entre la manœuvre AV, manœuvre AR, Passerelle et compartiment machine. L’embarquement des élèves se faisait vers 08h30, ainsi que l’embarquement des repas pour le midi.

L’instructeur « passerelle », apprenait aux élèves, l’utilisation des appareils de navigation : radars, goniomètre, decca, compas (relèvements). Lecture des cartes et utilisation des documents : Instructions nautiques, livre des Feux etc… 

Le Maître d’équipage apprenait aux élèves à tenir la barre.(suivre un cap au compas ou à vue)

Le Commandant participait également à l’instruction des élèves : suivi d’un alignement ( par l’AV ou par l’AR), point par relèvements, Homme à la mer, sécurité, exercice d’abandon etc…

A la machine, le Chef Mécanicien, l’électricien et l’instructeur, expliquaient les différents circuits ; D.O, E.D, eau de mer et circuits électriques. Et les différents moteurs auxiliaires et pompes. Ballastage etc…

Vers 12h00/12h30 nous allions au mouillage soit à Deauville soit à Antifer et après 1h00/1h30 de pose, nous reprenions la navigation en baie de Seine.

Retour à quai pour 18h00. Les heures d’appareillage et de retour n’étaient pas fixes car il y avait un seuil à franchir à l’entrée de l’écluse ; d’où calcul de marée pour les élèves…. 

Les élèves de l’école de Marseille sont montés au Havre une semaine pour quelques sorties en mer. Les élèves étaient ceux de 2ème année.

Le Marin - Mars 1984

L’Alidade, était un bon rouleur, et si la hauteur des vagues dépassait 2 mètres sur rade, l’instruction avait lieu à bord, à quai. Au-delà de 2 mètres il y avait peu d’élèves qui résistaient au mal de mer et l’instruction en mer ne pouvait être donnée…

Le Directeur de l’école, comme tous les ans, est venu passer une journée en mer. Nous avons également embarqué pour une journée, le 16 mars, Monsieur Claude Tarin, rédacteur en chef du journal « Le Marin » qui a rédigé un article sur les dernières manœuvres de l’Alidade.

Nous aimions passer l’écluse « portes ouvertes » car la manœuvre était plus rapide. Sinon, nous restions amarrés dans l’axe des portes amont et aval, les lamaneurs venaient nous prendre les aussières. En fait, les quais de l’écluse étaient grandement en décrochés par rapport aux portes et s’il y avait trop de vent traversier, il était très difficile de revenir dans l’axe de la sortie de l’écluse. L’Alidade avait un grand fardage et dérivait énormément, de plus, l’hélice à pas variable n’était pas très efficace pour les « coups de fouets »… il manœuvrait donc très mal.

Son poste d’amarrage au Havre était, tribord au quai de Cadix, dans le bassin de la Citadelle.

Dès l’accostage, nous étions branchés sur le courant de terre. Le Bosco, qui n’habitait pas le Havre en assurait le gardiennage et dormait à bord. Les autres membres de l’équipage rentraient chez eux le soir.

Avant de débarquer, accompagné du Chef Mécanicien, nous sommes allés dire au revoir au Directeur de l’école d’Hydro, et nous lui avons remis la cloche de mouillage sur laquelle, le nom « ALIDADE » est gravé. Cette cloche est actuellement fixée sur le mur Ouest de la grande salle de réunions de l’école d’Hydro de Sainte-Adresse… Les élèves apprennent ainsi, qu’autrefois il y avait un bateau-école…

Nous avons désarmé le bateau le 30 avril 1984. Le navire est resté désarmé plusieurs mois, quai de Cadix, avant d’être vendu. Je pense que c’est une entreprise travaillant en « Off Shore » qui l’a acheté. L’Astrolabe, quant à lui a du finir ses vieux jours, bien tranquillement, sous le soleil polynésien…

L'embarcation Isabelle

Témoignage de Yvan PETITBON, instructeur de manœuvre et de navigation

« D’après ce que m’avait dit mon chef, Alexandre Le Cosquer, l’embarcation portait le prénom de la fille du premier directeur (Paul Hérout).

Du temps où Michelon était directeur de l’Hydro, l’école d’apprentissage maritime (située près du port de plaisance) avait demandé et obtenu d’utiliser notre embarcation durant l’été. Nous n’en avions pas été informés et nous fûmes fort surpris, en rentrant en septembre, de ne pas retrouver notre canot sur sa remorque, derrière l’Hydro depuis la fin du mois de mai.

Mon collègue Le Cosquer apprit alors que les enseignants de l’E.A.M. avaient mis l’embarcation à l’eau mais l’avaient retrouvée coulée. Ignoraient-ils que, avant de remettre un canot en bois à l’eau, il fallait y jeter quelques seaux d’eau afin  qu’il retrouve son étanchéité ?

Lors de la reprise en main, nous nous rendîmes compte que l’embrayage était lubrifié par une mixture d’huile et d’eau de mer, le reste étant à l’avenant. L’Hydro dût changer le moteur qui fût remplacé par un Volvo (excellent moteur marin).

Les Affaires maritimes souhaitaient que l’embarcation soit équipée d’un engin de sauvetage collectif (pour les 12 élèves et l’instructeur). Un tel engin n’étant pas facile à caser à bord, la solution finalement adoptée fut de rendre le canot insubmersible, par l’adjonction de caissons remplis de « Klégécel » (sous les bancs et sur les côtés). (vers 1972/1974) »

Isabelle en 1975